AFP News

L’autre facette du travail à domicile

Paid Advertisement
woman working

ENGLISH

En mars 2021, le Journal of Occupational and Environmental Medicine (JOME) a publié une étude sur les répercussions du travail à domicile pendant la pandémie COVID‑19 qui mettait un accent particulier sur le bien-être physique et mental des personnes qui travaillent de leur domicile.

Si l’étude fait état d’avantages directs pour le personnel, tout particulièrement la réduction des déplacements domicile-travail, elle recense également de nombreux aspects négatifs liés au travail à domicile à temps plein, entre autres l’absence d’occasions de socialisation avec les collègues, la diminution des mouvements physiques et les heures prolongées d’exposition aux écrans d’ordinateur. En outre, le travail à plein temps devant un ordinateur peut entraîner de la fatigue, des maux de tête et des troubles oculaires.

Pour les personnes qui vivent seules, l’étude révèle qu’en l’absence d’interactions en personne et de soutien social au quotidien, le travail à domicile peut entraîner des problèmes de santé mentale, comme l’isolement social et la dépression. Pour d’autres personnes, il peut être difficile de « décrocher » du travail en raison des limites floues entre vie professionnelle et vie personnelle, ce qui peut augmenter le stress et l’anxiété.

Leah Eustace, ACFRE, est présidente de Blue Canoe Philanthropy. Elle aborde le sujet de la santé mentale depuis de nombreuses années. « Selon ce que j’entends, il s’est produit un réel changement. Au début de la pandémie, on parlait de prendre soin de soi, de prendre de grandes respirations et de faire du yoga. Nous en sommes maintenant au point où le traumatisme s’est installé. Il y a une réaction de combat ou de fuite. Les gens sont passés de la fatigue à l’épuisement absolu. Je le sais, je dors environ 12 à 14 heures par jour. »

L’étude publiée dans le JOME mentionne qu’une préoccupation commune est de parvenir à équilibrer l’horaire de travail « autour » des autres membres de la famille. Pour certains parents, le temps consacré au travail n’est pas continu, car ils doivent s’occuper des tâches ménagères et faire des courses entre les réunions de travail. Dans certains cas, les parents choisissent de sacrifier leurs heures de sommeil et de travailler la nuit ou tôt le matin, car ce sont les seuls moments tranquilles où ils peuvent se concentrer sur leur travail et éviter les interruptions fréquentes. Le conflit permanent entre vie professionnelle et vie familiale peut entraîner un épuisement émotionnel.

« J’entends beaucoup parler des professionnels en collecte de fonds qui ont des enfants », souligne Mme Eustace. « Bien des problèmes sont liés au fait de travailler à domicile. Certains employeurs s’attendent toujours à ce que le personnel fasse du neuf à cinq, comme en temps normal. Mais il n’y a rien de normal en ce moment. Il y a des gens qui n’ont tout simplement pas l’espace nécessaire pour travailler de leur domicile. Ils n’ont pas une pièce distincte dotée d’une chaise et d’un bureau appropriés. »

Aaron Sanderson, ACFRE, est vice-président principal et chef, Développement philanthropique chez Jeunesse, J’écoute et il siège au conseil d’administration d’AFP Canada.

« La table de la salle à manger me sert maintenant de bureau, et ma conjointe travaille dans un autre endroit de la maison. Nous avons dû faire des ajustements et nous en accommoder quotidiennement », dit-il. « Ce n’est pas pour rien que nous appartenons à une association comme l’AFP. Notre profession est tellement fondée sur les relations humaines. Il est important pour nous de reconnaître que certaines journées se passent très bien et que d’autres sont plus difficiles à vivre. Nous devons tâcher d’être aussi solidaires et attentionnés que possible envers nos collègues, et garder contact avec eux le plus possible. »

Les situations actuelles de travail à domicile posent un dilemme additionnel pour les travailleuses et travailleurs noirs, selon un article écrit par Laura Morgan Roberts et Courtney L. McCluney pour la Harvard Business Review. Selon cet article, au lieu de laisser le choix personnel aux personnes noires de peser les avantages et les inconvénients de l’expression de leur identité raciale, celles-ci affichent désormais littéralement une plus grande partie de leur identité depuis leur espace de vie personnel. Les dispositions relatives au travail à domicile obligent souvent les gens à inviter chez eux (virtuellement) des collègues, des clients, des médecins, des étudiants et des professeurs, ce qui compromet leur capacité à exercer une action et un contrôle sur la façon dont ils présentent leur identité. En raison des nombreuses réunions en visioconférence, des espaces autrefois sûrs et privés d’expression culturelle authentique sont devenus des points de mire du regard du public, écrivent les auteures.

Beaucoup de gens pensent que les répercussions sur le secteur philanthropique se feront sentir très longtemps.

« Les effets sur la santé mentale se répercuteront bien après notre retour au travail », déclare Aaron Sanderson. « Cette expérience laissera une profonde empreinte. »

Leah Eustace mentionne qu’il n’y a pas eu beaucoup de mouvement dans l’emploi pendant la pandémie parce que les gens sont trop inquiets pour prendre des décisions aussi importantes. « Lorsque nous retrouverons une certaine normalité, cependant, il y aura du mouvement, et le salaire ne sera sans doute pas la principale priorité des gens. Les professionnels en collecte de fonds rechercheront probablement davantage la souplesse et l’empathie du personnel dirigeant », ajoute-t-elle.

« Mais pour l’instant, mon message le plus important est de ne pas lutter contre ce que vous ressentez », poursuit Mme Eustace. « Nous vivons un événement traumatisant et certaines personnes seront atteintes d’un trouble de stress post-traumatique; elles auront un grand besoin de calme autour d’elles. Manifestez-vous et demandez de l’aide si vous sentez que vous n’allez pas bien. »

« Vous devez prendre soin de vous avant de prendre soin des autres », soutient M. Sanderson. « On est à un point où on ne saurait insister là-dessus. Il est important d’établir des liens avec une communauté bienveillante et de ne pas être trop isolé. »

En janvier 2021, le CAMH (Centre de toxicomanie et de santé mentale), le plus grand hôpital d’enseignement au Canada affilié à l’Université de Toronto, a publié Navigating the New Normal: A COVID‑19 Supplement to CAMH’s Mental Health Playbook for Business Leaders. Cette ressource à l’intention des dirigeants et dirigeantes renferme cinq recommandations « puissantes » formulées par des chercheurs, des cliniciens et des spécialistes du CAMH en tenant compte des commentaires de chefs d’entreprise :

  • Créer une stratégie à long terme en matière de santé mentale à l’échelle de l’organisation;
  • Instaurer une formation obligatoire en santé mentale pour les dirigeants;
  • Élaborer des mesures adaptées de soutien en matière de santé mentale;
  • Établir des priorités et optimiser la liste de contrôle du processus de retour au travail;
  • Suivre les progrès.

« Aujourd’hui plus que jamais, les employeurs canadiens ont la possibilité – et la responsabilité – de diriger en se souciant de la santé mentale de leur personnel », a écrit Deborah Gillis, présidente et chef de direction de la Fondation de CAMH, dans son message d’introduction du guide. « Nous faisons tous de notre mieux, et certains jours se passeront mieux que d’autres. Voilà ce que je demande aux chefs d’entreprise. Je veux que vous fassiez de votre mieux pour prendre soin de la santé mentale de votre personnel en communiquant avec transparence, en faisant preuve de compassion et en donnant l’exemple. Ce ne sera pas toujours parfait, mais je vous promets que cela en vaudra toujours la peine. »

« Il faut maintenant investir dans le bien-être du personnel autant que nous le pouvons », conclut Aaron Sanderson. « Nous entrons dans une période qui mettra à l’épreuve notre capacité à diriger. Il est temps pour nous tous de trouver notre leadership et de le maximiser autant que possible. À l’avenir, un bon dirigeant ou une bonne dirigeante ne se définira pas par son expertise technique, mais par son empathie à l’égard des autres, la façon dont il ou elle se soucie de leur bien-être. »

Paid Advertisement
Paid Advertisement
Want The Latest AFP & Fundraising News Delivered To Your Inbox?Sign Up Now!

Recommended for You

Members: Sign in to view your personalized recommendations!

Sign in