Portrait de Jane Potentier
Une carrière en mouvement
Jane Potentier, CFRE, a récemment mis fin à un séjour de 20 ans dans divers rôles de développement à l’Université de l’Alberta et dirigera bientôt une équipe de développement à l’Université de Victoria, en Colombie-Britannique. Au cours de carrière au Canada, Jane, qui est originaire du Royaume-Uni, a occupé plusieurs postes au sein de l’AFP, notamment celui de présidente de la section d’Edmonton et région (2009‑2010), celui de membre du Conseil canadien de l’AFP (2011‑2016) et celui de secrétaire de la Fondation canadienne pour la philanthropie de l’AFP (2016‑2019). Elle est actuellement présidente élue de la Fondation. Nous l’avons rencontrée lors de sa dernière semaine de travail à l’Université de l’Alberta.
Comment en êtes-vous venue à œuvrer dans le domaine de la collecte de fonds?
J’ai répondu à une annonce qui disait simplement « Make a Difference » (Faites la différence), c’était exactement ce que je voulais faire! Il s’agissait de l’annonce d’une agence de sollicitation téléphonique qui offrait ses services aux 20 principaux organismes de bienfaisance et sans but lucratif du Royaume‑Uni. Je venais d’obtenir un diplôme universitaire. Je ne savais pas ce que je voulais faire, mais je savais ce que je ne voulais pas faire. J’ai commencé en tant que préposée aux appels, généralement en vue de convertir des donateurs existants en donateurs mensuels. Somme toute, lorsque les gens réalisaient que nous appelions de la part d’Oxfam – et non pour leur vendre quoi que soit – nos appels étaient bien reçus. Nous avons « surfé » sur une vague d’appels fructueux pendant un long moment. C’est plus difficile aujourd’hui avec l’utilisation accrue des téléphones cellulaires.
À mon arrivée au Canada, j’ai d’abord occupé un poste de coordonnatrice d’un programme d’appels pour étudiants, ce qui représentait un léger pas en arrière dans ma carrière, mais il était nécessaire pour m’adapter à un nouveau pays où je n’avais pas d’antécédents professionnels. Cependant, j’y ai mis à profit toute l’expérience acquise au Royaume‑Uni.
Quel conseil donneriez-vous à votre jeune vous-même aujourd’hui? Que diriez-vous à une personne qui amorce sa carrière en collecte de fonds?
Je lui conseillerais de chercher plus activement des mentors, ce que j’ai fait plus tard dans ma carrière. Je lui dirais de penser à son histoire philanthropique, de répondre à ses « pourquoi », de ne pas avoir peur de l’échec. Je n’ai pas beaucoup bougé d’une entreprise à l’autre, mais j’ai bougé au sein de mon organisme. Il faut profiter de toutes les possibilités de perfectionnement professionnel qui nous sont offertes.
Selon vous, quelles sont les qualités d’un bon mentor?
Un mentor ne doit pas être là pour vous dire quoi faire. C’est quelqu’un à qui vous pouvez soumettre des idées, surtout si vous n’avez pas une grande équipe autour de vous. C’est quelqu’un qui peut voir vos forces et vos faiblesses.
Quels sont, selon vous, les nouveaux défis du secteur philanthropique?
Il est de plus en plus difficile d’embaucher et de retenir des collecteurs de fonds. Les organismes comprennent maintenant que la philanthropie est essentielle à leur succès, mais ils ne savent pas nécessairement comment tirer profit de ces professionnels, sans les épuiser. Ce sont là les enjeux liés à la main-d’œuvre.
Du côté de la philanthropie, le rôle que les donateurs souhaitent jouer au sein d’un organisme est problématique. Les donateurs veulent soutenir l’organisme et établir un partenariat avec celui-ci. S’il y a beaucoup à gagner avec une telle approche, elle soulève en revanche la question de déterminer qui a le droit de prendre des décisions organisationnelles.
Selon vous, quelles sont les compétences qui sont importantes pour la collecte de fonds dans le contexte actuel?
Il est vraiment essentiel d’être stratégique. Selon moi, cela signifie qu’il faut envisager les choses à long terme et de manière holistique. Si nous ne pensons pas pouvoir tenir notre promesse, est-il correct d’accepter un don? Il est très certainement important de voir grand, tout comme est tout aussi importante la capacité à travailler en collaboration et à éduquer le public interne.
Que pensez-vous du débat actuel sur le rôle que jouent les philanthropes dans la résolution des problèmes d’inégalité? Comment pensez-vous qu’ils peuvent faire partie de la solution?
Il se passe tellement de choses à ce sujet. Quel est l’ordre du jour, à qui s’adresse-t-il et quel rôle la philanthropie peut-elle jouer? Les organismes de bienfaisance doivent gérer d’importants problèmes de société. Le principe est que les gens riches font des dons importants pour aider à résoudre des problèmes importants. L’appareil est en place. La question est de savoir comment on procède. Ensuite, il y a la question des collecteurs de fonds qui remettent en question certains des comportements et préjugés que nos donateurs peuvent apporter à la table. Mais est-ce là notre rôle? Il y a un déséquilibre de pouvoir inhérent entre les collecteurs de fonds et certains des donateurs les plus riches, alors quelle incidence cela peut-il avoir? Puis, en ce qui concerne les questions d’inégalité et de diversité, il y a la question de savoir à quoi ressemblent nos dirigeants et nos conseils d’administration. Sommes-nous en train de perpétuer les inégalités notre propre profession? Comme vous pouvez le voir, c’est très complexe. Il est essentiel de débattre de ces questions. Je suis fière que l’AFP aborde ces sujets.
Tout au long de votre carrière, vous vous êtes impliquée auprès de l’AFP et vous êtes aujourd’hui la présidente élue de la Fondation canadienne pour la philanthropie de l’AFP. Qu’est-ce que l’AFP offre à la profession de collecteur de fonds selon vous?
Je me suis impliquée auprès de l’AFP quand j’ai déménagé au Canada. J’avais peu de contacts ici et l’AFP a été ma bouée de sauvetage. J’ai rapidement pris ma vie en main grâce au réseau de l’AFP. L’AFP donne le ton en matière d’éthique lorsque vous pensez aux règles d’engagement qu’aucune organisation ne peut établir seule. L’AFP est une occasion de perfectionnement professionnel. Je conseille aux collecteurs de fonds de se renseigner au sujet de leurs collègues. En outre, l’ensemble des connaissances disponibles à l’AFP est immense, quel que soit votre domaine d’intérêt.
Quels sont vos objectifs en tant que présidente de la Fondation canadienne pour la philanthropie de l’AFP?
La Fondation ne soutient pas seulement les membres, mais aussi les non-membres. Elle est au service de toute la profession. Nous sommes engagés dans la recherche, le développement de nouveaux dirigeants, les initiatives de diversité et d’inclusion, et nous travaillons avec l’AFP Canada pour soutenir les membres. Nous voulons être un bon modèle pour le secteur.
En mars, vous déménagerez en Colombie-Britannique pour occuper le poste de vice-présidente adjointe, section Anciens étudiants et développement, à l’Université de Victoria. Quels sont vos sentiments aujourd’hui alors que vous terminez deux décennies à Edmonton, à l’Université de l’Alberta?
Apparemment, je suis de ceux et celles qui ne peuvent pas rester au même endroit pendant plus de 20 ans! Dans notre profession, les gens ne restent pas toujours longtemps au même endroit. Dans le cadre de mon travail, j’ai eu la chance d’avoir de multiples occasions au sein d’une seule organisation. Mon objectif est maintenant de diriger une équipe, et c’est ce que je pourrai faire à l’Université de Victoria. J’ai des enfants qui sont maintenant autonomes, ce qui a ouvert cette possibilité que j’ai saisie. Effrayant? Oui! Mais je pourrai m’appuyer sur un réseau dont je sais qu’il existe. La famille de l’AFP est partout. Les gens m’ont déjà été d’une grande aide, ils sont ouverts et ils aiment partager leurs connaissances.