Jane Potentier livre ses réflexions à l’occasion de son départ de la présidence de la Fondation de l’AFP : « Ce que je dois apprendre et désapprendre »
Jane Potentier, CFRE, est actuellement vice-présidente adjointe, Anciens étudiants et développement, à l’Université de Victoria, en Colombie-Britannique, où elle dirige une équipe de 70 personnes. Auparavant, elle a occupé pendant 20 ans divers rôles de développement à l’Université de l’Alberta. Originaire du Royaume-Uni, elle est active au sein de l’AFP depuis son arrivée au Canada en 2001, notamment à divers titres bénévoles depuis 2003, entre autres comme présidente de la section de l’AFP d’Edmonton et sa région et comme membre du Conseil canadien de l’AFP avant de se joindre au conseil d’administration de la Fondation canadienne pour la philanthropie de l’AFP en 2016. Nous nous sommes entretenus avec Jane à la veille de la fin de son mandat à la présidence de la fondation pour discuter de la façon de diriger en période d’incertitude.
Diriger une organisation nationale est un grand accomplissement pour quiconque. Vous, personnellement, comment vivez-vous cet accomplissement? Quelle a été la trajectoire de croissance pour vous, tant sur le plan personnel que sur le plan professionnel?
Ce fut une expérience extraordinaire! J’ai beaucoup appris et je suis très fière du travail que nous avons accompli tous ensemble. Cela a été pour moi une expérience d’apprentissage à bien des égards, qu’il s’agisse de concilier travail et bénévolat, de traiter de sujets difficiles ou de découvrir de nouvelles perspectives auprès des membres du conseil d’administration de la Fondation, ainsi que dans le cadre de mon travail avec les conseils d’administration d’AFP Canada, d’AFP Global et de la Fondation des États-Unis.
Quels objectifs vous étiez-vous fixés au début de votre mandat?
Mes priorités étaient centrées sur trois domaines : renforcement de la crédibilité, apprentissage du leadership et amélioration des communications de la Fondation.
Estimez-vous avoir atteint vos objectifs?
Dans une certaine mesure. Il y a encore du chemin à parcourir. Durant mon mandat, des défis importants se sont dressés devant nous. Nous avons dû reconnaître que pour pouvoir obtenir les résultats souhaités, la Fondation doit redoubler d’efforts pour établir des liens avec les donateurs et les donatrices, ainsi que pour recueillir les fonds nécessaires à la mise en œuvre et à l’exécution de nos programmes. Je pense que nous avons amélioré notre collaboration avec AFP Canada et que nous avons bien communiqué notre mandat et notre impact à nos publics. Nous avons tous beaucoup à apprendre et pour nous aider dans ce parcours d’apprentissage, nous avons établi divers partenariats. La Retraite des dirigeants canadiens tenue à Montréal cette année a été une excellente occasion d’établir des liens avec les sections et d’autres dirigeants et dirigeantes de l’AFP, et d’avoir des discussions approfondies axées sur l’action. La voie à suivre dans les années à venir est désormais plus claire.
L’inégalité dans la distribution de la richesse, l’injustice raciale ainsi que le processus de vérité et de réconciliation avec les peuples autochtones ont-ils changé la façon dont percevez votre travail?
Oui. C’est un rappel de ce qui est vraiment important et de ce que je dois apprendre et désapprendre. C’est une leçon sur ce que nous faisons, mais aussi sur la façon dont nous le faisons. Il faut tout revoir sous cet angle. Il y a beaucoup de travail à faire pour décoloniser la collecte de fonds et pour désapprendre afin de mieux apprendre. Les pratiques et les croyances doivent être remises en question. La Fondation canadienne pour la philanthropie de l’AFP et AFP Canada peuvent jouer un rôle clé en prenant des mesures concrètes et pertinentes pour susciter le changement, et les deux organisations doivent continuer à favoriser les conversations cruciales à cet égard.
Selon vous, quelle est la différence entre occuper la présidence d’un conseil d’administration et siéger à titre de « simple » membre du CA?
Une des grandes différences, pour moi, a été l’établissement du programme, en partenariat avec le personnel, afin de créer une expérience enrichissante et utile pour les membres du conseil d’administration et de leur instiller un sentiment de responsabilité à l’égard de la réalisation de la mission. Il faut du temps pour se préparer correctement et de l’intentionnalité pour susciter le dialogue.
Quels sont, selon vous, les grands défis et enjeux auxquels font face les professionnel.le.s en collecte de fonds aujourd’hui?
En ce qui concerne la profession, c’est le manque de leadership, sans oublier les attentes des organisations que nous servons. La possibilité d’épuisement professionnel est bien réelle. Il y a ce désir et ce besoin de régler des problèmes sociétaux très difficiles et d’aider nos organisations à relever ce défi, je pense. Si l’on ajoute à cela le fait qu’il faut s’assurer de disposer du temps et des ressources nécessaires pour relever ce défi, de même que d’avoir les connaissances, les compétences, les outils et les ressources requises pour accomplir notre travail du mieux possible, on peut en effet se sentir dépassé. Il faut aussi faire de la place pour le changement – voir notre travail autrement, remettre en question certaines pratiques et croyances de longue date et le faire en toute sécurité.
Questions en rafale
Quel est le plus grand enseignement que vous retirez de cette expérience?
Ne jamais avoir peur de s’attaquer à des questions difficiles. Votre attitude est aussi importante que vos actions.
Un regret au cours de votre mandat?
Pas vraiment. J’essaie de regarder en avant, d’évoluer et d’apprendre de chaque expérience et de chaque occasion.
Une leçon apprise?
Se revoir en personne a été génial, mais il faut retenir ce que nous a appris l’adaptation à l’environnement virtuel. Les options hybrides et virtuelles nous permettent d’être plus inclusifs et d’assurer l’accessibilité à l’éducation et au service bénévole à un plus grand nombre de personnes.
Avez-vous un conseil pour la personne qui vous succédera?
Les bénévoles sont des personnes remarquables qui s’investissent comme jamais vous ne pourriez l’imaginer. Faites appel à eux. Invitez-les. Et il ne faut pas oublier que nous ne pourrions pas faire notre travail sans l’excellent personnel qui a grandement à cœur cette organisation.
Avez-vous un message à transmettre aux membres de l’AFP?
De nouveaux leaders inspirants sont prêts à relever les défis et à saisir les occasions. Grâce à eux et à votre soutien, nous créerons les conditions nécessaires pour réussir et offrir des programmes qui aideront à renforcer la profession de collecte de fonds au Canada. Comme je l’ai déjà dit dans mes commentaires de mi-mandat, la communauté de l’AFP au Canada est vigoureuse et est là pour vous. Demeurez en contact et engagés.
Un dernier mot en terminant?
Un grand merci à tous les donateurs et donatrices de la Fondation, qu’ils s’agissent de membres, de sections ou d’amis de l’AFP. Vous contribuez à changer les choses et, ensemble, nous sommes en mesure d’offrir des possibilités de formation et de réaliser des études pour soutenir la communauté des professionnel.le.s en collecte de fonds.