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Ce que pensent les collecteurs de fonds et comment ils planifient la prochaine année
 

À l’approche de 2020, de nombreux collecteurs de fonds évaluent ce qui a bien fonctionné – et ce qui a moins bien fonctionné – pour eux jusqu’ici, alors même qu’ils font face à la dynamique externe qui secoue le secteur aujourd’hui et tiennent compte de la critique émergente de la structure même de la philanthropie.

Depuis les enjeux touchant l’ensemble du secteur jusqu’à la planification des programmes de leur propre organisme, les collecteurs de fonds de partout au pays entament l’année 2020 bien conscients des défis qui les attendent. Bon nombre d’entre eux se sont dotés de plans pour surmonter ces défis ou, à tout le moins, mieux les comprendre.

Rickesh Lakhani, CFRE, directeur général d’un organisme communautaire qui travaille auprès des enfants et des jeunes à Toronto, aborde la question des perturbations qui touchent notre secteur. « Quoi qu’il arrive de nos jours, qu’il s’agisse d’inclusion, de harcèlement ou de manque d’innovation, il faut y porter un regard critique. J’ai feuilleté l’ouvrage d’Anand Giridharadas intitulé Winners Take All: The Elite Charade of Changing the World et j’ai réfléchi à la manière dont les gens au pouvoir peuvent être incités à démanteler les structures qui leur sont profitables. »

Juniper Locilento, MPNL, CFRE, directrice principale du développement au sein d’un organisme national de centres alimentaires communautaires, abonde dans le même sens.

« Après avoir étudié en 2019 l’ouvrage de Rob Reich (Just Giving: Why Philanthropy Is Failing Democracy and How It Can Do Better) et celui d’Anand Giridharadas, je m’oriente plus que jamais vers la philanthropie pour le changement social et je réfléchis sous un angle critique à l’équilibre des pouvoirs en philanthropie, tout en démontrant que mon organisme renforcera la démocratie plutôt que la ploutocratie », déclare-t-elle.

Faith Rowland, gestionnaire de compte en développement communautaire d’un organisme de bienfaisance voué à la santé, à Saskatoon, parle quant à elle de la qualité de l’expérience des donateurs.

« Les gens veulent se sentir interpellés par une cause », affirme-t-elle. « Ils veulent avoir le sentiment de faire quelque chose de positif pour leur communauté. »

Mme Rowland croit également que l’honnêteté et la réputation sont essentielles à l’ère des médias sociaux, tout comme le fait d’honorer la diversité et de l’intégrer à nos activités quotidiennes.

John Wong, CFRE, est directeur du développement communautaire et du financement au sein d’un organisme néo-brunswickois de développement de l’enfant qui œuvre dans les provinces de l’Atlantique. Selon lui, il est important au cours de la prochaine année d’interpeller les jeunes de manière authentique pour qu’ils deviennent des philanthropes informés et engagés, et il y a un appel croissant en faveur d’une plus grande transparence financière, d’une meilleure efficacité et d’un impact plus durable.

Compte tenu des complexités associées à la dynamique sectorielle, les collecteurs de fonds élaborent des plans pour déterminer ce qu’ils feront – et ne feront pas – au cours de la prochaine année.

 

Mme Rowland précise qu’en 2020, son organisme s’attachera à convertir les donateurs en donateurs mensuels, contribuant ainsi à améliorer le portefeuille des dons majeurs et des dons testamentaires.

 

Bien que de nombreux intervenants du secteur ne s’entendent pas sur le déséquilibre des pouvoirs en philanthropie, Mme Rowland n’est pas la seule à envisager une stratégie de dons majeurs, du moins en partie.

« Pour ce qui est de la production de revenus, nous songeons aux dons majeurs et aux événements organisés par des tiers », explique M. Lakhani. « Nous avons une importante stratégie de croissance qui nous permettra de doubler notre programme en trois ans. Nous investissons aussi dans la défense d’intérêts et les politiques publiques. »

Mme Locilento pense à l’avenir de la collecte de fonds. Elle dit qu’elle réfléchit à la vitesse du changement et à la façon de mettre à profit l’innovation, en particulier la façon de passer de « faire du numérique » à « être numérique » et avoir le courage de songer à décupler nos efforts plutôt que de chercher à changer de 10 %.

Paula Attfield, présidente d’AFP Canada et présidente d’une firme de marketing caritative qui conseille de nombreux clients, affirme qu’il est important de diversifier les sources de revenus. « Les anciennes méthodes fonctionnent encore aujourd’hui, mais est-ce que ce sera toujours le cas? Probablement pas. Il est impératif d’innover. »

Mme Attfield soutient qu’il est également important de prendre soin de son personnel. « Donnez-leur de l’espace pour leur bien-être et accordez-leur du temps pour leur perfectionnement professionnel. Sinon, vous les perdrez. »

M. Lakhani est tout à fait d’accord. « Une chose que nous n’allons pas faire, c’est d’accroître le financement au mépris du personnel chargé de la collecte de fonds. Une mesure de notre succès est qu’aucun membre du personnel ne souffre d’épuisement professionnel. »

Les collecteurs de fonds semblent envisager l’avenir immédiat avec beaucoup de pragmatisme.

« Je pense que l’année 2020 sera plus difficile pour les organismes de bienfaisance, car nous constatons une hausse des prix et une stagnation des salaires », dit Mme Rowland. « Cela aura des répercussions sur les donateurs “moyens” qui ont peut-être moins de revenus disponibles. »

« Étant donné que les organismes de bienfaisance comptent de plus en plus sur un bassin décroissant de donateurs à revenu élevé, les organismes de bienfaisance doivent de plus en plus trouver des moyens de faire participer la génération du millénaire à la philanthropie », explique M. Wong.

« Cependant, il peut être difficile de convaincre les plus jeunes de donner quand beaucoup d’entre eux n’en ont pas nécessairement les moyens. C’est l’un de nos plus grands défis... mais aussi une des belles possibilités. »

« Je crois que les gens donneront plus ou à peu près le même montant que maintenant, mais peut-être pas comme nous le pensions », avance M. Lakhani. « Il y a moins de donateurs dans les livres de l’Agence du revenu du Canada, et il y a les campagnes menées sur la plateforme de financement participatif GoFundMe et dans les points de vente qui sont plus difficiles à suivre. Et si l’on met l’accent sur les donneurs ultra-riches, les gens peuvent être portés à croire qu’un don 50 $ ne changera rien. Je ne veux pas perdre de vue le fait que le moindre don signifie beaucoup. »

« Je pense qu’en ce qui concerne le montant des dons, la tendance à la baisse se poursuivra si l’on tient compte de l’inflation », conclut Mme Attfield. « C’est pourquoi les professionnels en collecte de fonds doivent faire leur travail mieux que jamais auparavant. »

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