Intégrer la perspective autochtone à nos pratiques
Les Autochtones représentent près de 20 % de la population du Manitoba. Il n’est donc pas étonnant que l’apprentissage des perspectives autochtones sur la philanthropie soit une priorité de la section du Manitoba de l’AFP.
« La section du Manitoba compte parmi les 39 signataires de l’Entente relative aux Autochtones de Winnipeg, un outil grâce auquel les Autochtones et les non-Autochtones de Winnipeg peuvent se rassembler pour explorer la notion de réconciliation », souligne Nicole Hrehirchuk, présidente de la section du Manitoba. La section a participé à la cérémonie de signature publique de l’Entente au cours de l’été 2021, ce qui l’engageait, comme le stipule l’Entente, « à mettre en place à Winnipeg un processus de réconciliation permanent, un processus basé sur l’établissement et le maintien de partenariats mutuellement respectueux avec les personnes, les organismes et les gouvernements inuits, métis et des Premières Nations. »
La signature de l’Entente par la section du Manitoba témoigne de son lien avec la collectivité de Winnipeg. La section a offert à tous ses membres la possibilité de se familiariser gratuitement à la culture et à la perspective autochtones. Derek Yarnell, CFRE, ancien président du comité IDEA de la section, a travaillé avec des dirigeants et dirigeantes de section de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et de la Saskatchewan afin que leurs membres puissent suivre le programme de formation à la culture autochtone en ligne d’une heure (un programme élaboré par l’Indigenous Leadership Development Institute).
« La suite logique des choses était de créer une série d’ateliers ou de séances de discussion, et nous avons pu compter sur notre communauté autochtone locale à cet effet », indique Pat Robertson, CFRE, membre du conseil d’administration de la section du Manitoba et présidente du comité IDEA et d’éthique. À l’automne 2021, la section a proposé une série d’ateliers baptisée Conversation Series. Trois des cinq épisodes de la série portaient sur les perspectives autochtones.
« Les professionnel.le.s en collecte de fonds œuvrent dans le but de répondre aux besoins d’une société diversifiée », poursuit Mme Robertson. « Nous visons la participation équitable des membres, des donateurs et donatrices et des partenaires communautaires. Nous voulons outiller les membres de l’AFP pour qu’ils accueillent et soutiennent une diversité représentative de la pluralité des communautés que nous servons, et aussi leur offrir des pistes pour réussir à créer un environnement inclusif et accessible à tous. »
Sharon Redsky a fait part de ses réflexions sur les perspectives autochtones en matière de collecte de fonds le 29 septembre dernier. Elle a notamment mis l’accent sur l’histoire des peuples autochtones et l’iniquité du financement, et a donné des exemples positifs d’organisations dirigées par des Autochtones qui travaillent avec des fondations communautaires.
Kyle Mason a animé la conversation sur la réconciliation et la philanthropie le 10 novembre. Il a souligné que la réconciliation est un enjeu pour tous les Canadiens et Canadiennes, et que la philanthropie est un excellent outil pour soutenir les efforts de réconciliation du Canada.
Lori Stewart a pour sa part animé la conversation sur la décolonisation de la collecte de fonds le 23 novembre. Elle a expliqué que la décolonisation est un processus qui consiste à valoriser les connaissances et les décisions des personnes qui ont été laissées de côté jusqu’ici.
« Au départ, il faut examiner qui détient le pouvoir, l’avantage et le contrôle sur les ressources, puis remettre en question les façons habituelles de faire les choses. Dans le domaine de la collecte de fonds, la décolonisation consiste à se pencher les façons dont la philanthropie perpétue les iniquités préjudiciables fondées sur des hypothèses, des motivations et des valeurs », précise Mme Stewart.
La série de conversations comprenait également des discussions avec le Rainbow Resource Centre sur des enjeux touchant la communauté 2SLGBTQ+ et une conversation sur la lutte contre le racisme et sur l’alliance animée par Roxanne Tackie.
Selon Pat Robertson, la collaboration doit être ancrée dans tout ce que l’on fait, depuis le perfectionnement professionnel jusqu’aux relations gouvernementales, en passant par les adhésions.
« Notre comité IDEA nous a fixé comme objectif de tendre la main aux communautés avec lesquelles nous ne travaillons pas en ce moment; la communauté autochtone est une priorité à cet égard, mais il y en a d’autres. Il s’agit de s’asseoir avec les gens et de déterminer leurs besoins, puis de découvrir ce que nous pouvons faire pour devenir un partenaire plus naturel », mentionne Mme Robertson.
« La décolonisation de la collecte de fonds consiste à s’attaquer à la différence de pouvoir qui survient trop souvent », poursuit-elle. « Les communautés savent ce dont elles ont besoin, et nous devons faire appel à elles pour trouver les réponses à ces besoins. »
La reconnaissance des territoires est de plus en plus courante dans les milieux non autochtones depuis les dix dernières années comme moyen d’entamer à tout le moins une conversation sur la colonisation.
« Il faut cependant que cette reconnaissance des territoires ait un sens pour les personnes qui la lisent », dit Pat Robertson. « Il ne suffit pas de seulement lire des mots sur un bout de papier. À mon avis, c’est là l’essence même de ce que nous devons faire quand on parle de réconciliation. »