La section du Grand Vancouver de l’AFP organise une séance sur l’éthique et IDEA
À la lumière des changements sociétaux observés dans des mouvements comme #Moiaussi et Black Lives Matter, combinés au meurtre de George Floyd, aux États-Unis, et aux inégalités auxquelles font face de nombreux groupes marginalisés qui ont été exposées au grand jour lors de la pandémie, AFP Global a décidé de revoir son Code de déontologie pour « s’assurer que les normes auxquels doivent adhérer les membres de l’AFP reflètent réellement les expériences de l’ensemble des membres de la communauté de collecte de fonds », a expliqué Mike Geiger, MBA, CPA, président et chef de direction de l’Association des professionnels en philanthropie (AFP) et des Fondations pour la philanthropie de l’AFP. « Nous devons parler de justice sociale et d’égalité. Ces conversations sont prioritaires. »
L’AFP a adopté un ensemble de normes déontologiques en 1964. Ce code de déontologie a été modifié pour la dernière fois en 2014 et, actuellement, 2 des 25 dispositions stipulent que les professionnel.le.s en philanthropie « ne doivent participer à aucune activité susceptible de nuire à leur organisme, à leurs clients ou à leur profession ni jeter sciemment le discrédit sur la profession » et « doivent veiller à ce que tous les documents de sollicitation et de communication soient exacts et reflètent fidèlement la mission de leur organisme et l’utilisation des fonds sollicités ».
Compte tenu de l’intérêt croissant porté aux dons majeurs, l’AFP a créé la Charte des droits du donateur en 1993. Cette charte, qui met l’accent sur le donateur, stipule que les donateurs et donatrices doivent « recevoir les remerciements et la reconnaissance appropriés ».
Par la suite, dans le cadre de son engagement à promouvoir la diversité et l’inclusion, l’AFP a élaboré un énoncé de principes IDEA (inclusion, diversité, équité et accès), qui renferme les principes de « reconnaissance des autres comme différents, mais égaux » et d’« analyse des possibles présomptions sous-jacentes incontestées jusqu’ici qui nuisent à l’inclusion », comme le souligne Jennifer Johnstone, présidente d’AFP Canada, et présidente et directrice générale de la Central City Foundation depuis 2006.
Pendant que le groupe de travail de l’AFP chargé de revoir et de moderniser le Code de déontologie afin d’y intégrer des orientations en matière de justice sociale, de lutte contre le racisme et d’équité termine son travail, les professionnel.le.s en collecte de fonds et en philanthropie abordent la question de l’éthique et les principes IDEA dans leurs communautés.
Cet automne, Jennifer Johnstone et Rowena Veylan ont créé un espace pour parler de l’éthique lors du webinaire intitulé Ethics and IDEA: Ask Me Anything organisé par la section du Grand Vancouver de l’AFP le 5 octobre, dans le cadre des activités de la section à l’occasion du Mois de sensibilisation à l’éthique.
« C’est tellement intéressant d’œuvrer dans le domaine de la collecte de fonds en ce moment », déclare Mme Veylan, fondatrice et instructrice principale à The New School for Fundraising. « Tous les sujets sont abordés et tout est remis en question. L’équité, la diversité et l’inclusion sont mises de l’avant partout au pays, tant au sein des organisations que par des particuliers. »
« Plus récemment, cette approche axée sur les donateurs a soulevé de nombreuses questions. De plus en plus, nous devons trouver des moyens de la concilier avec notre engagement envers le principe de reconnaissance des autres comme différents, mais égaux, tout en analysant les possibles présomptions sous-jacentes incontestées qui nuisent à l’inclusion », soutient Mme Johnstone. « Cette discussion est importante, car elle sort du cadre traditionnel, uniquement centré sur les donateurs, qui était au cœur du code de déontologie de l’AFP jusqu’à maintenant. »
« Notre intention concernant le webinaire Ask Me Anything n’était pas que les gens repartent avec une stratégie », explique Mme Veylan. « Il s’agissait plutôt de réfléchir et d’approfondir la question. L’objectif est de susciter des conversations. »
Voici les questions qui ont été abordées lors de la séance Ask Me Anything :
- De quelle manière remettez-vous en question votre propre pratique ou votre organisation en ce qui concerne IDEA?
- Quelles sont les questions difficiles que vous abordez au sein de votre organisation?
- Discutez-vous de sujets difficiles avec vos donateur.trice.s?
- Parlez-vous des origines de la richesse avec vos entreprises donatrices?
- Parlez-vous des origines de la richesse avec les donateur.trice.s particuliers?
« L’éthique est si étroitement aux valeurs, à vos valeurs personnelles », explique Mme Veylan. « Ce sont vos valeurs personnelles qui vous guident. Mais l’établissement de ces valeurs au sein d’une organisation – ou dans votre vie personnelle – facilite les choses. Vous ne faites alors que les appliquer. C’est pourquoi nous posons ces questions. Il s’agit d’un processus, d’un processus très personnel. »
La création d’un espace pour cette remise en question et à des fins de croissance personnelle semble particulièrement importante dans le contexte canadien où nous cherchons à établir la vérité et à nous réconcilier avec les peuples autochtones.
« Les gens veulent mieux comprendre et je pense qu’ils sont plus sensibles à cette question », soutient Mme Veylan. « Mais ils ne savent pas vraiment ce qu’ils doivent faire. Beaucoup de personnes ressentent un poids et de la tristesse. La prise de conscience ne suffit pas, toutefois. Il faut aller plus loin. »
« Il faut aborder les sujets difficiles entre nous et avec les donateurs, et ces discussions doivent être axées sur l’équité, la justice sociale et la lutte contre le racisme », ajoute Mme Johnstone.
« C’est selon moi une réflexion que nous devons avoir en tant que Canadiens, pas uniquement sous l’angle des professionnels en collecte de fonds », déclare Mme Veylan. « Nous devons décortiquer et analyser les présomptions incontestées qui nuisent à l’inclusion. Cela requiert du travail et de la persévérance. Ce travail est largement entamé dans d’autres secteurs. Nous devons simplement en parler, et en parler en profondeur, à l’AFP. »