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Réflexions de Vincent Duckworth, président sortant de la Fondation canadienne pour la philanthropie de l’AFP

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Vincent Duckworth

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« J’ai encore beaucoup à apprendre. »

Vincent Duckworth est président du conseil d’administration (CA) de la Fondation canadienne pour la philanthropie de l’AFP depuis janvier 2023. À l’approche de la fin de son mandat, il nous livre ses réflexions sincères et personnelles sur ses deux années à la tête de la Fondation, période pendant laquelle le CA a traité des incidents de racisme qui ont donné lieu à l’audit IDEAA (inclusion, diversité, équité, accès et antiracisme) de l’AFP au Canada, et a grandement modifié la composition du CA en réponse directe à ces incidents. M. Duckworth est un leader du secteur à but non lucratif depuis plus de trente ans et un expert en conception de campagnes, en stratégie et en performance en matière d’obtention de dons majeurs. Il est également la référence canadienne en matière de désignation philanthropique, sujet qu’il a abordé dans l’ouvrage Excellence in Fundraising in Canada : Volume Two.

Quels objectifs vous étiez-vous fixés au début de votre mandat? Et estimez-vous les avoir atteints?
Je m’étais fixé trois objectifs avant d’entrer en fonction : actualiser l’argumentaire de soutien de la Fondation, amasser plus d’argent et accroître la diversité, l’équité, l’accès et l’inclusion au sein de notre conseil d’administration. Dans le cadre de la séance d’orientation à l’intention des nouveaux membres du CA, les quatre nouveaux présidents et présidentes de l’AFP (AFP Global, AFP U.S. Foundation for Philanthropy, AFP Canada et Fondation canadienne pour la philanthropie de l’AFP) assistent généralement à la réunion du conseil d’administration d’AFP Global du mois de décembre, juste avant d’entrer officiellement en fonction en janvier. C’est à cette réunion que j’ai entendu parler pour la première fois des incidents de racisme contre des personnes noires à Chicago (en lien avec la charte des droits des collecteurs de fonds) et à Toronto, à la section du Grand Toronto. Prendre connaissance de ces incidents, en étant conscient du racisme systémique qui les sous-tend, m’a grandement troublé, mais je n’ai pas compris à ce moment à quel point ils allaient avoir un impact sur mon travail à la Fondation. En fait, ils ont défini mon rôle de président. Le conseil d’administration que je dirigeais a rapidement compris la portée de tels incidents et a exigé que, collectivement, nous aidions à réparer les torts causés, puis que nous établissions un plan de travail continu et concret concernant l’IDEAA. Au début de mon mandat, je pensais que si nous parvenions à accroître la diversité au sein du conseil d’administration, cela changerait grandement notre façon d’aborder nos engagements en matière d’IDEAA. Je me trompais. Ce fut une sacrée leçon.

Diriger une organisation nationale est une grande réalisation pour quiconque. Vous, personnellement, comment vivez-vous cette expérience? Quelle a été votre progression dans cette fonction sur le plan professionnel et sur le plan personnel?
Assumer la direction de la Fondation a été une expérience stimulante et inspirante, et une grande leçon d’humilité. Lors de mon élection, j’ai été reconnaissant envers mes pairs de me confier cette responsabilité et ce devoir de diligence. J’ai aussi pu admirer l’énorme travail accompli par les personnes qui m’ont précédé à ce poste. Au cours des 24 derniers mois, mon conseil d’administration n’a cessé de nous pousser, moi et l’AFP, à nous améliorer. Cela a parfois été difficile et parfois inattendu. À certains moments, j’ai eu l’impression de ne pas être à la hauteur. En fin de compte, ce sont ces moments qui m’ont incité à devenir un meilleur leader et à mieux écouter les autres. Dans ces moments, j’ai eu la chance de pouvoir compter sur mes collègues occupant des postes de présidence tels que Jennifer Johnstone, présidente d’AFP Canada, Missy Ryan Penland, présidente de l’AFP U.S.A. Foundation, et Birgit Smith Burton, présidente d’AFP Global, ainsi que de Mike Geiger, président et directeur général d’AFP Global. Nous avons été au cœur des triomphes, des défis, des célébrations et des échecs de l’AFP pendant nos mandats. Leur leadership collectif et individuel, leur bienveillance et leur gentillesse m’ont constamment inspiré et stimulé. Je dois aussi souligner le travail et le soutien remarquables des membres du personnel de l’AFP, dont Lori Gusdorf et Lisa Davey, durant les années que j’ai passées à la Fondation. Leur engagement envers nos membres, les conseils d’administration de l’AFP et les dirigeants et dirigeantes qu’ils aident fait partie des aspects méconnus de l’AFP. Lorsque j’ai entamé mon mandat de président, je ne savais pas vraiment ce que signifiait être un leader au service des autres. Et j’ai encore beaucoup à apprendre.

La question de l’équité a-t-elle changé votre façon d’envisager votre travail en tant que président de la Fondation canadienne pour la philanthropie de l’AFP?
La question de l’inclusion, de la diversité, de l’équité et de l’accès ou IDEA, devenue par la suite IDEAA, c’est-à-dire inclusion, diversité, équité, accès et antiracisme, a caractérisé mon mandat à la présidence de la Fondation. Cette question a occupé une place importante dans presque toutes les réunions du conseil d’administration, ce qui m’a obligé à intervenir d’une manière que je n’avais pas prévue. J’ai également compris que je faisais partie du problème, mais que, paradoxalement, j’étais aussi, en raison principalement du privilège dont je jouis, en mesure de travailler avec le conseil d’administration pour apporter un réel changement. Je suis particulièrement reconnaissant des liens d’amitié qui m’unissent à Birgit Smith Burton, la présidente du conseil d’administration d’AFP Global. Birgit a pris mes appels, a répondu à mes textos et m’a aidé à gérer les moments les plus difficiles tout au long de cette période. Chaque fois qu’elle voulait m’encourager à faire quelque chose, Birgit commençait en disant : « Vincent, envisagerais-tu… ». Je pourrais aussi nommer de nombreux autres membres du conseil d’administration et membres du comité exécutif qui étaient là pour m’épauler, mais je crains d’en oublier, alors je vais remercier collectivement tous ceux et celles qui ont été là pour moi et pour nous tous, en tant que membres de l’AFP, pendant cette période.

Y a-t-il quelque chose que vous considérez comme une réalisation marquante, qui vous reste à l’esprit lorsque vous pensez à ces deux dernières années?
Plusieurs choses que nous avons accomplies à la Fondation au cours des deux dernières années me rendent fier, mais quatre réalisations se démarquent. Tout d’abord, à la demande pressante de quelques membres du conseil d’administration, avec le soutien de la direction, nommément la présidente élue Amanda Fritz, CFRE, nous avons modifié la structure de leadership en ajoutant une fonction de coprésidence pour une personne ayant une expérience vécue de l’inégalité et capable d’atténuer les problèmes de capacité inhérents à un poste de direction dans un monde complexe. Je suis fier que nous ayons réussi à apporter les changements nécessaires et à élire Muneeb Syed, CFRE, qui coprésidera la Fondation canadienne pour la philanthropie de l’AFP aux côtés d’Amanda, en 2025 et 2026. Deuxième grande réalisation : la modification de nos règlements administratifs, qui a permis d’autoriser des personnes qui ne sont pas membres de l’AFP à siéger au conseil d’administration. Auparavant, il fallait être membre de l’AFP pour devenir membre du conseil d’administration de la Fondation. À partir de maintenant, jusqu’à 20 % de notre conseil d’administration peut être composé de personnes qui ne sont pas membres de l’AFP. Cette modification permet d’éliminer un obstacle important et est au cœur de la notion d’inclusion.

Ensuite, la déclaration de la Fondation en réponse aux incidents de racisme envers des personnes noires à la section du Grand Toronto de l’AFP a été vitale et importante. J’ai pris connaissance de ces incidents à la fin de l’année 2022, mais ce n’est qu’au milieu de 2024 que nous avons fait une déclaration publique en tant que conseil d’administration. En terminant, en collaboration avec AFP Canada, nous avons entrepris un projet intensif d’audit IDEAA de l’AFP au Canada. Le conseil d’administration s’est engagé, collectivement et à titre individuel, à mettre en œuvre les recommandations qui en découleront. Le travail est en cours et les recommandations seront communiquées au début de 2025.

Quels sont, selon vous, les grands défis et enjeux auxquels font face les professionnel.le.s en collecte de fonds aujourd’hui?
À bien des égards, le domaine de la collecte de fonds est toujours affligé du même problème que lorsque j’ai entrepris ma carrière de jeune collecteur de fonds en 1994 : un manque de respect. Ce manque de respect n’est pas malveillant, mais il est omniprésent et a des conséquences pernicieuses. De nombreuses personnes au Canada considèrent encore la collecte de fonds, et par le fait même les collecteurs et collectrices de fonds, comme un mal nécessaire. On l’entend dans le discours public (« … demander à des bénévoles de solliciter de l’argent… »), dans les médias (« … un autre collecteur de fonds très bien rémunéré qui fait un mauvais usage des dons de bienfaisance… ») et chez bon nombre de nos dirigeants et dirigeantes (« ... je ne pense pas qu’il est nécessaire qu’un collecteur de fonds soit présent à la séance de stratégie... »). AFP Canada s’efforce de contrer cela en cherchant à susciter une meilleure reconnaissance et un plus grand respect à l’égard des professionnels en collecte de fonds grâce au discours pour la collecte de fonds au Canada. Et AFP Global investit dans les leaders de demain avec l’AFP Leadership Institute. Nous avons besoin de plus d’efforts, de beaucoup plus d’efforts si nous voulons que la profession survive et prospère. J’espère que l’AFP dans son ensemble investira sérieusement dans ces domaines.

Questions en rafale : Répondre en une seule phrase 

Quel est le plus grand enseignement que vous retirez de cette expérience?
Si vous savez ce qu’il faut faire et que vous ne le faites pas, qu’est-ce qui vous en empêche?

Un regret au cours de votre mandat?
Ne pas avoir agi plus tôt.

Une leçon apprise?
Écouter les membres du conseil d’administration qui tiennent les propos les plus consternants : ils sont souvent sur la bonne voie.

 

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