Quelque 70 % des organismes de bienfaisance s’attendent à une baisse de leurs revenus en 2020 et dans les années à venir

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Une nouvelle enquête se penche sur les activités de collecte de fonds à venir et sur les défis du travail à domicile

Plus de 70 % des organismes de bienfaisance au Canada s’attendent à amasser moins d’argent en 2020 qu’en 2019, et les deux tiers sont d’avis qu’il en sera de même en 2021, selon une enquête de l’Association des professionnels en philanthropie (AFP) sur l’impact du coronavirus.

Plus de 160 collecteurs de fonds ont participé à l’enquête, qui a été distribuée à tous les membres de l’AFP en mai.

L’impact de la COVID‑19 s’est accru pendant le premier semestre de l’année, 45 % des répondants ayant constaté une diminution des dons au cours du premier trimestre de 2020 par rapport au premier trimestre de 2019. Un peu plus d’un quart des répondants (27 %) ont amassé le même montant et un même pourcentage de répondants (27 %) ont connu une hausse des dons au cours du premier trimestre.

Cependant, au deuxième trimestre, l’impact de la pandémie a été beaucoup plus marqué, 72 % des répondants s’attendant à une diminution des dons par rapport au deuxième trimestre de 2019. Seulement 17 % des répondants prévoyaient recueillir le même montant et un maigre 11 % s’attendait à une augmentation des dons.

La collecte de fonds en 2020 et 2021

Les pourcentages sont similaires pour ce qui est du restant de l’année 2020 : 70 % des répondants prévoient amasser moins d’argent en 2020 qu’en 2019, tandis que seulement 11 % s’attendent à recueillir plus d’argent et 19 % pensent que le montant amassé sera sensiblement le même.

La plupart des collecteurs de fonds s’attendent à ce que l’impact négatif de la pandémie se poursuive en 2021, plus des deux tiers (68 %) estimant qu’ils recueilleront moins de dons l’an prochain par rapport à une année normale. Seulement 19 % des répondants pensent qu’il n’y aura pas de changement par rapport à une année normale, tandis que 13 % sont d’avis que les dons seront plus élevés en 2021.

« Nous nous attendions à une baisse importante des dons en raison de la COVID‑19, et nos données montrent que la collecte de fonds sera difficile en 2020 et même en 2021 », a déclaré Mike Geiger, MBA, CPA, président-directeur général de l’AFP. « Cependant, il est trop tôt pour se prononcer sur ce qui se passera exactement d’ici la fin de l’année, car les organismes de bienfaisance sont encore en train de s’adapter. Il y a une règle générale incontournable que les organismes de bienfaisance doivent suivre pendant les périodes difficiles et éprouvantes : ne pas arrêter de collecter des fonds. Les organismes qui poursuivent, voire augmentent leurs activités de collecte des fonds sont ceux qui s’en sortiront le mieux. Nous devons mener nos activités en faisant preuve de délicatesse, mais la collecte de fonds doit continuer pour que nous soyons en mesure d’accomplir nos missions essentielles. »

Types particuliers d’activités de collecte de fonds

Plus d’un tiers des organismes de bienfaisance (38 %) déclarent avoir augmenté leurs activités de collecte de fonds en 2020 en raison de pandémie de COVID‑19, tandis que 39 % affirment qu’ils maintiendront leurs activités aux niveaux habituels tout au long de l’année. Seulement 22 % des organismes planifient mener moins d’activités de collecte de fonds.

Parmi les domaines dans lesquels les organismes de bienfaisance intensifient leurs efforts de collecte de fonds, mentionnons l’intendance des donateurs, qui consiste à associer les donateurs à la cause et à les inciter à participer davantage (88 %), les médias sociaux (83 %), la création d’événements virtuels (81 %) et la collecte de fonds en ligne (79 %).

Les subventions gouvernementales ont également représenté une importante source de revenus pour certains organismes, la Subvention salariale d’urgence du Canada étant de loin le programme le plus populaire. Quelque 44 % des répondants ont présenté une demande dans le cadre de ce programme et 23 % d’entre eux ont reçu la subvention. D’autres programmes ont été moins populaires. En ce qui concerne le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes, le Fonds de soutien communautaire d’urgence et la Prestation canadienne d’urgence, 15 % des répondants ont fait une demande à chacun de ces programmes, mais à peine 6 % d’entre eux environ ont reçu un financement.

L’annulation des événements de collecte de fonds en personne constitue un énorme défi pour la plupart des organismes de bienfaisance, 92 % des répondants ayant indiqué qu’ils allaient réduire le nombre de ces événements en 2020. Plus de deux organismes sur dix (23 %) ont déjà reporté cinq événements spéciaux ou plus, et 14 % ont annulé cinq événements ou plus.

Un répondant a souligné ce qui suit : « Nous avons décidé de tenir notre événement annuel, notre gala d’appréciation des bénévoles et les activités d’intendance des donateurs en ligne, et il se peut que nous soyons obligés de tenir notre événement annuel d’intendance en ligne également, mais rien n’est sûr pour le moment. Nous envisageons des visites virtuelles à l’intention des donateurs et des programmes de groupes pour les clients. » Un autre a précisé ceci : « Nous venons de tenir la célébration de notre campagne de capitalisation sous forme d’événement virtuel; tout s’est bien déroulé et des intervenants de partout dans le monde y ont participé. Nous allons organiser des réunions virtuelles à l’intention des intervenants et nous avons transformé les événements d’intendance des donateurs en personne en une stratégie de communication qui durera une semaine. »

Travail à domicile et conséquences sur le personnel

Plus de neuf répondants sur dix (93 %) ont indiqué qu’ils travaillaient maintenant de leur domicile, 41 % d’entre eux ajoutant que leur organisme était « bien préparé » à cette transition et 36 % estimant qu’il était « un peu préparé ».

« Il n’a pas été facile de trouver la meilleure façon de formuler nos demandes de dons d’urgence, car nous ne sommes pas des travailleurs essentiels de première ligne, bien que nous soutenions des gens vulnérables », a indiqué un répondant. « Il a également été difficile de s’y retrouver dans ce nouvel environnement marqué par une soudaine surabondance d’informations et d’essayer de comprendre ce que ressentent les donateurs par rapport à leurs dons. »

Un autre répondant a souligné ceci : « Le fait d’avoir à donner mon numéro de téléphone personnel aux donateurs et de devoir travailler à deux endroits différents (à la maison et au bureau) a été problématique et difficile. » Plusieurs répondants ont exprimé une certaine frustration d’avoir eu à travailler à la maison tout en essayant de faire l’école à domicile et de travailler dans des endroits différents tout le temps.

Outre la collecte de fonds en tant que telle, la COVID‑19 a également eu des répercussions sur les niveaux d’effectifs et les activités. Près d’un tiers des organismes (31 %) ont été contraints de licencier du personnel, et 1 % des répondants ont eux-mêmes été licenciés. En outre, 16 % des organismes ont réduit le salaire des employés.

Regard sur l’avenir

Les répondants ont des conseils pour leurs collègues collecteurs de fonds et les organismes de bienfaisance pour les mois à venir. En voici quelques-uns :

  • Continuez à transmettre les données et les articles aux dirigeants et au conseil d’administration pour leur montrer que le moment est propice à la collecte de fonds. Si nous attendons à Noël, ce ne sera peut-être plus le bon moment. N’ayez pas peur de collecter des fonds auprès de vos bénévoles. Il faut miser de plus en plus sur les campagnes de financement en ligne, sauf si les campagnes prévues s’adressent spécifiquement à certains groupes de donateurs.
  • Nous avons une occasion incroyable de nous rapprocher des gens. Prenez une grande respiration et essayez de vous concentrer sur les choses que vous pouvez contrôler : tendre la main aux donateurs et communiquer avec eux, non pas vous soucier des exigences ou pressions liées à vos indicateurs de rendement clés ou des budgets et objectifs de vos gestionnaires. Faites ce qui vous fait plaisir et assurez le suivi de vos sollicitations et de vos activités. Tout cela s’additionne et finira par porter ses fruits.
  • La nécessité de la cause que vous défendez n’a probablement pas changé. Si bien des personnes et des organismes subissent des pertes de revenus, parfois dévastatrices, il y a en revanche plus de personnes et d’organismes qui ont vu leurs revenus demeurer stables, voire augmenter. Notre rôle consiste à donner aux gens la possibilité de changer les choses grâce à leur soutien financier. Aujourd’hui, plus que jamais, il est essentiel de donner aux gens l’occasion d’apporter leur aide.
  • Intendance, intendance, intendance. Nous courons un marathon, pas un sprint. Les dons vont chuter, mais si vous prenez soin de vos donateurs, le rebond compensera la chute. Et faites preuve de compassion. Demandez à vos donateurs comment ils vont et approfondissez vos relations avec eux. Soyez audacieux et faites votre travail – ceux qui peuvent donner donneront. Continuez à solliciter leur soutien.

« La collecte de fonds et le travail des collecteurs de fonds n’ont jamais été aussi importants que maintenant », a déclaré Paula Attfield, présidente d’AFP Canada. « Les organismes de bienfaisance qui ont les moyens d’investir dans des activités de collecte de fonds aujourd’hui amasseront plus d’argent demain. Au-delà des investissements, les collecteurs de fonds devront trouver des moyens novateurs et créatifs pour faire adhérer les donateurs à la cause qu’ils défendent. En tant que profession, nous avons déjà démontré que nous étions capables d’innover en nous adaptant au travail à domicile, malgré tous les défis que cela représente.

« Et bien sûr, a poursuivi Mme Attfield, en tant que membres de l’AFP, nous comprenons l’importance d’adopter la pratique exemplaire en matière de collecte de fonds : demander le bon montant, au bon moment, avec le bon message, combiné, évidemment, à une intendance exemplaire. En tant que collecteurs de fonds, nous savons qu’il n’y a pas de don sans sollicitation et que si nous cessons de solliciter les gens, eh bien, nos revenus vont diminuer, tout simplement. »

Pour en savoir plus au sujet de l’enquête de l’AFP sur l’impact du coronavirus, veuillez contacter Michael Nilsen à michael.nilsen@afpglobal.org.

 

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